Le commerce de vrac, quelle place dans l’écosystème existant ?

commerce de vrac

Le commerce de vrac a le vent en poupe. Fort d’un chiffre d’affaires en forte croissance de 1,2 milliards d’euros en 2019 (+40% vs 2018) et 1,3 milliards d’euros en 2020, il continue de séduire. Le modèle se consolide dans un contexte où les considérations des consommateurs gravitent autour des problématiques environnementales et éthiques. Pixis conseil analyse pour vous ce marché en plein essor.

Si le vrac n’est pas nouveau pour les produits frais (boucherie, fromagerie, fruits et légumes), c’est bien le vrac du placard, à destination des produits secs et ménagers, qui connaît une révolution. Avec 560 épiceries spécialisées dans la vente en vrac, la France est le premier pays au monde sur ce secteur. Le vrac devient une réelle filière de distribution qui cherche à se structurer…

Des modèles à cristalliser pour engager les marques et les consommateurs

L’enjeu majeur de cette filière est de se faire une place dans les différents formats d’enseignes. L’approche actuelle est un apport en expertise et conseil assuré par le personnel (aide à la pesée, pertinence du contenant…).

Le rôle du vendeur est axé sur des tâches d’hygiène et de présentation pour pérenniser ce mode de d’achat. La sécurité prime pour les marques qui s’initient au vrac en restant proches de leurs produits dans un environnement maîtrisé. On dispose en pots, bacs et bidons les denrées sur des présentoirs nus de tout habillage commercial. L’enjeu principal est de progresser sur le marketing. Des initiatives existent, comme Day by Day qui a développé des outils PIM / DAM à disposition directe de ses franchisés. L’objectif ? Faciliter l’étiquetage et étoffer le contenu web à destination des clients.

La grande distribution prend aussi une place importante sur ce marché. Plus de 70% des hypers-supers sont équipés d’un rayon vrac. L’assortiment est souvent réduit au segment des fruits secs et graines. La proposition est majoritairement intégrée à proximité de cet univers. Aucune ressource humaine n’est dédiée à l’accompagnement client. Côté équipement et PLV, les enseignes de la GMS appliquent la standardisation, pour répondre à une image de marque et un déploiement uniformisé.

Juste Bio par exemple exploite des concessions, auprès des enseignes, pour équiper un espace vrac en magasin. La marque propose ses propres produits. Ainsi qu’une offre de services clés en main (meubles, entretien, traçabilité). Pour les marques il s’agit de disposer d’un partenaire de confiance, qui contribue à endiguer les problématiques de qualité produit et risque d’image.

Une déclinaison en click & collect, drive et livraison ?

Tout concept physique d’aujourd’hui connait une déclinaison digitale. BocolocoLe Drive Tout Nu ou encore L’Intendance... une cinquantaines d’acteurs se positionnent. Ces entreprises proposent un service de livraison de produits, sans emballages industriels mais dans des contenants recyclables, réutilisables voire consignés. La personnalisation est quasi inexistante, ce qui exclut ce modèle de la notion de vrac au sens strict du Code de la Consommation.

Les défis logistiques du vrac n’en restent pas moins des cas à observer pour la préparation de commandes, l’information produit et la filière de revalorisation des contenants retournés. Exemple de Bocoloco avec leur QR Code pour avoir accès aux informations sur la DLC, le profil nutritionnel, la traçabilité et des idées recettes.

Passer à l’échelle pour une adoption plus massive

Pour se développer massivement, les enseignes doivent proposer un assortiment plus complet. Et s’aligner avec les partenaires fabricants pour envisager une même chaîne de production élaborant du vrac ou de l’emballé. En 2018, le nombre moyen de références par commerce de vrac oscillait entre 400 et 850 pour 47 fournisseurs. 

Certains consommateurs estiment que le vrac est plus cher que les produits emballés. Pourtant, à produit égal, les études montrent qu’en moyenne ils ont un meilleur rapport qualité/prix. Le vrac est en effet de 10% à 30% moins cher (21% pour les fruits secs, 18% pour les légumineuses, 5% pour les pâtes et le riz. Mais la perception est biaisée, parce qu’une majorité des produits présente une qualité supérieure, 100% bio et/ou local.

La récente initiative « Les Marques toutes nues », menée entre Franprix, FM Logistic, Bulk & Co et l’Ilec, propose des produits d’industriels au format vrac. Ils sont situés dans des trémies habillées de leurs codes marketing respectifs. Une expérimentation qui met à l’épreuve la chaîne logistique, repensée pour l’occasion et qui ravira les 63% de consommateurs qui regrettent de ne pas trouver de grandes marques en vrac.

commerce de vrac

Du côté des enseignes spécialisées en commerce de vrac qui proposent naturellement plus de choix, la problématique logistique se trouve du côté du consommateur. Celui-ci doit bien souvent compléter ses achats frais chez un primeur, un boucher voire en supermarché. Les prémices d’un compromis résident certainement dans l’expérimentation du « Grand Marché Vrac » menée par Day by Day (Rennes). Dans un esprit « Halles », la marque condense son savoir-faire dans le vrac. Avec aussi des produits frais et locaux directement vendus par les producteurs ! Une proposition d’autant plus unifiée que le paiement s’effectue en fin de parcours.

Le commerce de vrac, une alternative crédible

Le commerce de vrac apparaît désormais comme une alternative de plus en plus crédible tant en zone urbaine que rurale. La filière est en forte croissance et du coup en structuration. La difficulté réside à placer le curseur au bon endroit. Entre praticité pour le consommateur (assortiment, consignes, hygiène) et transformation du modèle pour les industriels et distributeurs (économique, logistique, production) ! Et ce, d’autant plus, que le projet de loi de « lutte contre le dérèglement climatique » envisage d’imposer aux commerces de détail de plus de 400 m², de consacrer au moins 20 % de leur surface au vrac dès le 1er janvier 2030.

Sources : Réseau Vrac, Nielsen, UFC