IA & retail, deux domaines à marier pour le futur ? L’intelligence artificielle connaît depuis quelques années un regain d’intérêt médiatique. L’IA, technologie d’utilité générale applicable dans l’ensemble des domaines de la société, laisse entrevoir des impacts économiques et sociaux considérables. Sundhar Pichai, CEO de Google, affirmait récemment que l’IA aura un impact plus fort que l’électricité ou le feu sur la société. La contribution de l’IA à l’économie mondiale est estimée autour de 15 billions (15 millions de millions) de dollars à horizon 2030.
Un virage déterminant pour l’IA
Depuis le milieu des années 1950, l’IA a rencontré quelques victoires impressionnantes. Jeu d’échecs, jeu de go, traduction automatique, compréhension du langage, conduite autonome, chatbots… Mais les applications quotidiennes restaient relativement floues et l’impact sociétal marginal.
Le premier virage significatif de l’IA est en fait assez récent. Il coïncide avec la multiplication des données que nous produisons et l’explosion de la puissance de calcul de nos équipements. Nous parlons ici de datafication de notre société et d’apprentissage automatique ou Machine Learning (ML).
Ce virage est déterminant car il permet de passer d’une gestion « rétroviseur » de notre activité qui prévalait jusqu’à présent (apprendre du passé pour ne pas le reproduire) à une vision prédictive : savoir ce qui va advenir et agir en conséquence. Les débouchés du Machine Learning semblent infinis.
Celui qui deviendra le leader du Machine Learning sera le maître du monde
Vladimir Poutine
Des prérequis à maîtriser pour tirer le meilleur de l’IA
La machine à fantasme sur l’IA est relancée mais la réalité technologique présente encore quelques limites :
Disponibilité des données
- Les données disponibles ne sont pas toujours en qualité et quantité suffisantes pour développer une IA performante. A titre d’exemple, l’IA de l’université de Stanford développée pour diagnostiquer les mélanomes de la peau, a un niveau de réussite équivalent à un panel de 21 oncologues. Mais pour cela, elle a eu besoin d’une immense base de données de 130 000 images pour développer son apprentissage.
- De plus, les données peuvent aussi comporter des biais. Par exemple, les ventes d’une année sur l’autre peuvent avoir été influencées par des facteurs aléatoires ou intégrables (météo, grèves…) pas toujours facilement identifiables. Ainsi le pouvoir prédictif de l’IA peut se trouver fausser par ces biais qu’il n’est pas toujours possible de neutraliser.
- L’autre biais majeur des données est que celles-ci, générées par nos comportements et interactions, sont susceptibles de reproduire les discriminations de notre société. Afin de créer des intelligences artificielles équitables, il convient de nettoyer ces données qui nourrissent l’IA. Afin qu’elle ne reproduise pas ces biais (discrimination ethnique, sexuelle ou religieuse) à l’échelle exponentielle qui est la sienne.
Mise à l’échelle des algorithmes d’IA
La performance mathématique des algorithmes de machine learning ne peut pas être une fin en soi. L’enjeu est la tenue de l’algorithme, son efficacité et sa résilience lorsqu’il doit subir un flux de données colossal. Cette compétence qui permet de passer d’un prototype à un application industrielle est tributaire d’une grande maturité dans la gestion de l’IA, de son algorithme et de son infrastructure. Une maturité qui fait encore largement défaut.
Cette capacité de faire :
- des prédictions business à partir des données ;
- à un niveau industriel, c’est-à-dire capable de générer un ROI fiable à long terme
- le faire dans des délais raisonnables
- à un coût raisonnable est le réel enjeu de l’intelligence artificielle aujourd’hui.
Cela est possible et particulièrement pour le retail, grâce au MLOps.
Contraction de Machine Learning et Operations, le MLOps est un ensemble d’outils et de pratiques qui permettent aux projet de Machine Learning de passer du stade de prototype créé à partir d’une quantité contrôlée de données au stade d’exploitation à grande échelle, traitant des flux exponentiels de données. Grâce à cela, le secteur de l’IA devient enfin mature. Le MLOps est aujourd’hui la condition sine qua non qui va enfin permettre le déploiement massif de l’IA par les entreprises.
IA & retail, la rencontre de deux univers
Cet outil de prédiction à grande échelle permet quatre grandes typologies d’applications particulièrement adaptées à la supply chain, la gestion de la relation client ou encore le marketing client / point de vente :
- L’excellence opérationnelle
- La création de produits innovants
- L’hyper-personnalisation
- La maîtrise des risques
De ces quatre grandes familles d’applications, un nombre infini d’actions peut être entrepris au cas par cas, parmi lesquels :
- La supply chain : l’utilisation de l’IA pour prédire les flux au sein de la Supply Chain permettrait d’optimiser les volumes de commandes amont/aval et le dimensionnement des équipes (en entrepôt notamment) en prenant en compte des variables tels que la météo ou les tendances de consommation
- La gestion de la relation client : la prise en charge des interactions clients les plus simples permettrait de décharger les opérateurs humains pour le traitement des cas les plus complexes
Le marketing client/point de vente : Analyser les flux clients, faire évoluer l’implantation et rédire les produits qu’un client spécifique serait susceptible d’acheter lors de son prochain achat (en magasin, en ligne…) permettrait de booster les taux de transformation et faire croître le CA/m2 en magasin. Les paniers moyens des sites de e-commerce pourraient aussi être ciblés. Par exemple un conseiller clientèle en contact avec le client pourrait proposer des produits complémentaires sur les recommandations d’une IA qui aurait analysé le profil et l’historique du client.
Savoir identifier ce que l’on souhaite cibler
Du fait de ce foisonnement, il est essentiel de bien choisir les cas d’application pour viser un retour sur investissement tangible pour l’IA & le retail.
A titre d’exemple, la startup Craft AI a développé une méthodologie en 6 étapes pour accompagner ses clients en un temps record.
Pour pouvoir utiliser l’IA dans vos processus, il faudra enfin considérer ces dernières conditions :
Les facteurs business de l’IA pour le retail
- Quelles données et quelle performance espérée de l’IA ?
- Quelles données disponibles ? En quantité et qualité suffisantes ?
- Quel niveau de prédiction attendu ?
- Est-ce suffisant pour réaliser un POC ?
- Quels bénéfices attendus ? Quelles ampleurs pour justifier un POC ?
- Quel business plan pour les projets d’IA ? Quel ROI ?
Les facteurs humains de l’IA pour le retail
- TRANSERVALITE : il est important de disposer d’équipes transverses dès le démarrage du projet pour avoir une vision globale de la problématique et développer une IA performante.
- CRAINTES : souvent perçue comme venant en remplacement des équipes existantes, elle peut inspirer la peur. L’IA est au service des équipes, en aide à la décision. La confiance des équipes dans les résultats fournies et la clarté des modèles sont primordiaux.